Pourquoi les Gaulois ne sont pas les ancêtres des Français ?
Quand on pense au peuple Français, on pense parfois aux Gaulois et au premier d’entre eux : Astérix, le héros de la célèbre bande dessinée. Traduite en plus de 100 langues, elle donne, aux quatre coins du monde, une image plutôt sympathique du Français : il aime la liberté et résiste avec malice et obstination pour la conserver. Astérix est le héros symbole de la lutte contre tous les oppresseurs.
Le Français n’a pourtant aucun Gaulois pour ancêtre. Il descend des Celtes, des Ambiens, des Helvètes, des Pictes… Bref, de toutes sortes de tribus. Mais d’aucune tribu gauloise, car aucun peuple ne s’auto-désignait « Gaulois » il y a plus de 2 000 ans.
Ce sont les Romains qui ont baptisé « Galli », «Gaule», l’ensemble des tribus qui vivaient alors au nord de l’Italie. Le nom « France » vient des Francs, peuples germaniques qui envahiront la Gaule ensuite.
Pendant plusieurs siècles, les nobles, les religieux et les savants chargés d’écrire l’Histoire, estimeront que seuls les Francs étaient dignes d’êtres nos ancêtres. Avec la révolution de 1789, le Gaulois « primitif » prend sa revanche sur le Franc « aristocrate ». Il mérite la première place dans la lignée des aïeux : n’a-t-il pas engendré une nation de révolutionnaires ?
L’heure de gloire du grand blond moustachu sonnera surtout au XIXe siècle. L’expression « nos ancêtres les Gaulois » apparaît alors, pour plusieurs décennies, dans tous les manuels scolaires; elle rassemble alors les Français autour de leur nouveau « roman national ».
Mais inventer un Français aux origines gauloises « pure souche », c’était nier une évidence : celle de la diversité ethnique et culturelle sur laquelle s’est construit, et continue de se construire la France. L’époque était aux premières grandes vagues d’immigrations européennes en France et à l’expansion coloniale. L’Etat voulait pouvoir distinguer les « vrais Français » des « pièces rapportées ».
Ernest Lavisse, l’historien promoteur de « nos ancêtres les Gaulois », justifiait son invention en disant : « Un pays comme la France ne peut vivre sans poésie ». Aujourd’hui, on préférerait dire « sans fiction ». La poésie, gardons la plutôt pour Astérix !
Aller plus loin
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Approfondir le sujet
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