Pourquoi les Français vont parfois « chez ma tante » ?
Bijoux, montres, tableaux, instruments de musique… voilà des objets qui défilent souvent « chez ma tante ». Pourquoi ? Parce que « chez ma tante », c’est l’autre nom du Crédit municipal, autrefois connu sous le nom de « Mont de piété ».
Le Crédit Municipal, c’est quoi ? Un établissement qui pratique le « prêt sur gage », c’est-à-dire un prêt d’argent contre un dépôt d’objet en garantie. Le prêt, immédiatement accordé, représente 50 à 70 % de la valeur du bien. Au bout d’un an, si l’objet n’est pas récupéré, il peut être mis en vente aux enchères. A moins de renouveler le contrat de garde.
Le terme « Mont de Piété » vient de « monte de pietà », une institution Italienne née au XVe siècle pour venir en aide aux plus pauvres. Elle leur prêtait de l’argent sans intérêt, ou à faible taux, en échange d’objets laissés en « gage ». Le principe du prêt sur gage arrivera en France. Le premier ouvre en Avignon, terre pontificale, en 1610,
Le « monte de pietà » ou « crédit de charité » – c’est la traduction – avait une réelle dimension sociale dès l’origine. Ses créateurs, des religieux italiens, souhaitaient en effet éviter des prêts aux taux d’intérêt prohibitifs. A l’époque, certains pouvaient monter jusqu’à 130%. Aujourd’hui le taux d’intérêt d’un prêt sur gage est de 2 à 9%.
En 1637, Louis XIII autorise son médecin, qui est aussi le Commissaire général des pauvres, Théophraste Renaudot, à ouvrir un Mont-de-Piété à Paris. En 1642, l’institution se développe dans 58 villes en France. Le Mont de piété joue un rôle social très important au XIXe siècle. Mais beaucoup moins au XXe siècle, avec le développement de « l’État providence ».
Très populaire, le Mont de Piété ne profite pas seulement aux plus pauvres au XIXe siècle. La grande bourgeoisie et la noblesse y ont aussi eu discrètement recours. Le bénéficiaire le plus connu du Mont de Piété à cette époque est sans aucun doute le fils de Louis-Philippe, roi des Français. Le Prince y avait déposé sa montre en or pour payer une dette de jeu. Pour ne pas perdre la face il avait prétendu l’avoir oubliée « chez ma tante » : l’expression est restée !
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